S’il y a un Yoga “classique”, systématique, il y a également un Yoga populaire, “baroque”; il y a, ensuite , un Yoga ascétique, un autre, érotique… le Yoga est surtout un moyen servant à obtenir l’union mystique, l’union de l’âme humaine à l’âme divine”. (Mircea Eliade-Techniques du Yoga)
Compte tenu de ses caractéristiques particulières, ce serait une erreur d’essayer d’encadrer le yoga dans une définition. Il est indispensable de vivre véritablement le système afin d’en saisir le sens réel. L’étude purement intellectuelle peut apporter une vision incomplète, voire déformée, puisque l’importance de son contenu réside dans le fait qu’il doit être vécu en cohérence avec les finalités de la noblesse d’esprit et selon la sagesse équilibrée qui est postulée, sans être ancré dans une simple spéculation intellectuelle. Il est logique qu’une expérience soit vécue pour savoir de quoi il s’agit.
Le yoga est un mode de vie qui offre la possibilité d’une réalisation intérieure.
Nous pouvons également dire qu’il s’agit d’un système de dépassement existentiel, organique et psychologique, en même temps qu’il comprend, entre autres techniques, la pratique d’exercices psychophysiques, l’étude philosophique, la psychologie appliquée et le mysticisme universel. Ce système offre aussi à chacun la possibilité de comprendre ; il rend l’homme moins limité et pose les bases de la paix intérieure et extérieure.
ORIGINE
D’une manière générale, le yoga a actuellement certaines modalités d’exécution typiquement orientales. Son environnement même et son vocabulaire technique dénoncent cet enracinement en Orient et surtout en Inde et au Tibet. Néanmoins, le yoga a une origine bien plus ancienne. Ce patrimoine humain a connu un développement particulier dans certaines régions et à différentes époques. C’est ainsi que nous pouvons parler de berceaux dans lesquels ce système a reposé et dans lesquels il a été imprégné des caractéristiques du lieu, de l’idiosyncrasie des gens, de leur cosmovision.
L’Amérique ancienne était un « berceau » du yoga il y a des milliers d’années, mais il est logique que les techniques, les méthodes d’enseignement et l’exécution aient différé dans une certaine mesure, des forme que la pratique a prise dans un autre « berceau », comme l’Inde, qui est devenue a posteriori, le dépositaire de ces traditions.
Des découvertes archéologiques et anthropologiques prouvent l’existence du yoga dans les anciennes cultures américaines.
Pour notre part, nous avons personnellement contemplé ce que nous considérons comme la plus grande découverte archéologique en rapport avec le sujet traité : les gigantesques monolithes et sculptures de la région de Xalapa au Mexique, dont l’un présente l’exécution d’un exercice typique de Yogi, l’Uddiyama Bandha ou contraction de l’épigastre, symbolisée par la concavité que l’on remarque dans la sculpture dans la région anatomique mentionnée et l’aspect extrêmement marqué des côtes. La position du Sukhasana, la courbure du torse, la position des mains sur les cuisses et d’autres caractéristiques, dénotent une maîtrise singulière de l’exécution. De telle sorte que le spécialiste du yoga ne peut que penser aux siècles qui exigent d’une culture la purification de ses techniques d’évolution psychologique et physiologique.
Un témoignage important est également le livre sacré des Mayas appelé « Popol Vuh », dans lequel ils parlent en termes symboliques des chakras (vortex énergétiques), à travers des représentations de glyphes animaux. Kundalini (énergie interne) se voit attribuer le nom de « Hurakan ». On parle des Nadis en termes de « tubes d’air » (une traduction plus approximative des Mayas serait peut-être : « tubes de circulation du Prana »).
En outre, dans toutes les Amériques, on trouve des statuettes dans les asanas (positions) de Yoga, ainsi que des caractéristiques culturelles de diverses époques.
Quant à l’ancienneté du système lui-même et à son origine naturelle et culturelle, indépendante des nationalités, les appréciations de l’auteur José Alvarez semblent importantes :
« Existe la possibilité que les Anciens Américains aient développé dans ses groupes sociaux une culture évoluant par étapes longues de ces mêmes périodes, n’est pas hors de la logique. Il est naturel de penser que ce même homme, dans ses longs loisirs, s’est consacré à l’art, à la religion et à toutes sortes d’activités propres à la culture. La possibilité que cet homme ait découvert des formes fondamentales de contrôle physique et psychologique n’est pas non plus exclue”.
D’autre part, si nous analysons l’ensemble des techniques de yoga, nous nous rendons compte qu’elles ne sont pas quelque chose d’artificiel, mais, au contraire, qu’elles correspondent à des pratiques naturelles, dont beaucoup proviennent de la vie animale, comme c’est le cas de la relaxation chez le chat.
Peut-être, en émergeant de la nature, l’homme apporte le yoga comme un héritage, aujourd’hui oublié, de ses états précédents.
Interprétée de cette façon, la discipline du Yogi nous apparaît comme le vestige d’un vaste enseignement qui comprenait des normes nutritionnelles, le langage, les techniques de relaxation, les normes de méditation et d’élévation spirituelle, les façons de marcher, de respirer et de se comporter.
L’idée que le yoga n’était pas un secret entre les mains de quelques hommes isolés, mais un ensemble de techniques à usage commun, impose à l’esprit un besoin presque logique.
Le yoga est donc une discipline qui vient du fond de l’Histoire et qui a grandi avec l’homme lui-même. Il est même possible que le Yoga et l’Homme soient, dans la Préhistoire, des entités inséparables.
En considérant le yoga comme un enseignement dont l’origine et la projection ne se limitent pas à une certaine nationalité, culture ou race, on arrive à conclure que c’est quelque chose de substantiel pour l’homme. Aujourd’hui on peut constater la résurgence de la pratique de yoga dans tout le continent Américain, où le Mexique occupe un lieu important dans la préparation de enseignants de Yoga et sa diffusion dans le monde hispanophone.
Istvan Mészaros
Images :Musée de Antrophologie de Xalapa. (MAX)